26.1.06

Antoine Dole


24 heures dans la vie de Lucille Lasol


01h12

La trouve. La ramasse. Des visages qu’elle ne connaît pas. Peut à peine les voir. Défigurés. Défigurés par la peine, le dégoût. La regardent, l’observent. Une main pour cacher les bouches tordues. Ne comprennent pas la scène. Ce qu’il se passe. Images clichées bloquent sur écran noir, se succèdent. Plissent les yeux, spectacle aveuglant rayonne, rayonne tant qu’il en brûle l’esprit, laisse marque indélébile derrière rétines insouciantes et connes, peint en noir les certitudes de môme d’une vie belle et sans danger. Se souviendront toujours. Jour où leurs cœurs ont cessé de battre un instant pour contempler. Ce que c’est. Ce qui n’arrive qu’aux autres. Que dans les journaux. Comment ça éclabousse leurs vies. Le quotidien. Ne pensaient pas. Ne pensaient pas se faire mordre par réalité brute, les crocs de vie sauvage. Rentrent d’une soirée entre amis. Un peu bu, mais très vite ça passe. Puisent dans l’image comme café noir. Les murs qui tanguent redeviennent droits comme des piquets, font silence. Voient. Voient la pauvre fille. Elle n’a plus de visage. Allongée. Vautrée, défaite.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bravo, on voit que c'est écrit avec les tripes...

11:22 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ouais

10:29 AM  
Anonymous Anonyme said...

pourquoi pas:)

2:22 AM  

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