1.1.06

Isabelle Renaud


L'alliance
Marie-Rose à présent regardait la plage. La lumière changeante, indécise, voilait et dorait par à-coups les dizaines de corps bruns, presque nus, qui se côtoyaient passivement là. Marie-Rose observait les femmes. Leurs seins nus en forme de poire, de sac, ou pleins encore chez les plus jeunes, légers comme de petits ballons. Mais c’était bizarre… Alors qu’autrefois, elle imaginait instinctivement la main aimantée de l’homme autour de ces poitrines, aujourd’hui, elle n’y voyait que des outres à lait. Elle jaugeait, sans le vouloir, l’ampleur du réservoir, l’abondance supposée de la production, la souplesse de l’embout… et ces mamelles huilées, inutiles, offertes au regard comme autant d’objet d’art, lui semblèrent vaguement obscènes. Elle s’allongea et ferma les yeux, laissant se disperser les pensées parasites. Une chaude paresse faisait son corps plus lourd, incrusté contre le poil rêche de la serviette.
L’explosion de gouttes fraîches sur ses paupières la réveilla.
- Tu devrais y aller ! Elle est super !