26.1.06

Naïri Nahapétian


Mireya


Le lendemain matin, j’ai eu un mal fou à me lever, comme si un poids mystérieux me clouait au lit. J’ai traîné, et pris un retard stupide, inexcusable, qui avait pour seul motif ma paresse. Dans la salle de bain, je suis tombée sur ton reflet dans la glace. Tu étais installé tranquillement sur une étagère, et tu débitais le chapelet de plaintes que tu allais désormais me servir au quotidien : « Rentrée à minuit chez toi, après avoir passé le balai dans le bar, pendant qu’Imad astique consciencieusement ses verres. Debout à six heures, pour aller ranger les plateaux du petit-déjeuner, ramasser les draps, refaire les lits, minutieusement, hein, bien au carré, impeccables. Je te rappelle, Mireya, que tu es venue en France sous le prétexte fallacieux de poursuivre tes études… »