Olivier Renault
My funny Valentine
C’est une autre façon d’habiter le silence. Accord plaqué, quelques notes égrenées, glaçons sonores virant aux gouttelettes cristallines, dans l’écho des accords. Une trentaine de secondes de ces gouttes d’ivoire, puis le son de Miles. Grave, ample, montant douloureusement dans l’aigu, puis redescendant tristement. Serrant le cœur, l’étirant comme ce souffle transmuté en musique. Ensemble, vers la minute de jeu, Ron Carter et Tony Williams entrent avant que la note, s’épanouissant, s’élargissant, ne meure. Basse et cymbales. Balais. Piano pondéré.
Crachotements, miaulement dans le cuivre. Douce agonie sous les perles de Hancock : éclats de poivre frais. Puis sursaut, ponctuations lumineuses, explosion de la trompette ouverte qui appelle la rythmique : ils arrivent, attention, ils arrivent. Tony Williams pousse doucement l’ensemble par de souples polyrythmes. Il reste encore 12 minutes de bonheur absolu pour les spectateurs du Philarmonic Hall.
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