12.11.06

Françoise Malène

Perdre


de plus en plus je perdais
je perdais dans le train la pomme du déjeuner la thermos que je m’étais réjouie d’avoir trouvée en solde
mon imperméable neuf avec dans la poche les clefs de l’appartement où je ne pouvais plus rentrer qu’en demandant l’ouverture aux voisins
j’allais au bout du quai pousser la porte en fer du bureau des objets trouvés la préposée derrière ses registres me disait que non elle n’avait rien qui ressemblait à ça juste peluche abandonnée je n’avais qu’à repasser demain peut-être
je repassais j’attendais qu’elle ait fini vieille pourtant le corps lâche de raconter ses couches au téléphone
autrefois
je perdais des carnets des copies déjà corrigées avec mes mots à l’encre rouge contre les leurs pour endiguer redresser leur donner à eux les étais qui ne me portaient plus et de cette transfusion vidée
j’oubliais quelque part les feuilles
eux sidérés que j’aie pu et je disais je me souviens très bien des fautes quand même les copies à quoi ça sert alors de
travailler pour rien