12.11.06

Max Marcuzzi

Champagne habituel


1. Tempus locusque. Un samedi de décembre, entre l’hôpital Saint-Louis et le canal Saint-Martin, peu après quatre heures. Hélène attend son nouvel ami, guitariste de rock, dans le studio d’enregistrement du groupe, au premier étage de la maison du chanteur. Il est en retard. En son absence, Hélène est accueillie par la maîtresse des lieux, poétesse souriante qui lui semble flotter avec grâce au bout des talons qui la gardent éloignée de la prose du sol.
La pièce de l’étage est divisée par une large cloison de verre derrière laquelle se trouve l’espace insonorisé où le groupe enregistre les maquettes de ses morceaux. Pour l'heure, on n’y trouve que deux tabourets, des pieds de micros et quelques bouteilles de vodka vides. Sur les murs s’exposent des affiches de concert et des agrandissements de pochettes de disques.
Hélène passe lentement de la contemplation d’un objet à l’autre. Puis elle regarde sa montre. Il est maintenant quatre heures et demie passées. Elle consulte son téléphone mobile, voit qu’il n’y a pas d’appel sur la messagerie, hésite à joindre Xavier, vérifie le volume de la sonnerie, qui est déjà au maximum, et range le mobile dans son sac en se retenant de soupirer.